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Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Mer Sep 21, 2011 06:53
par pipeau
Depuis le temps que nous en parlions tous les deux de cette interview... Cela fait quelques temps en effet que nous nous promettions cette rencontre officielle, mais à chacune de nos rencontres la discussion dérapait sur nos goûts communs en matière de musique (nous appelons cela du rock pur et dur, d'autres du bruit), de films (de ceux dont les bien-pensants de Télérama crachent dessus), d'humour (de celui qui ferait passer Harakiri pour un conte d'enfants), de tatouages, bref de tout et de rien. Mais à bien y réfléchir c'est justement cela qui est intéressant chez ce glasseur reconnu à la fois par les professionnels et les surfers en quête du travail bien fait. Ce mec n'applique pas simplement une méthode de travail parfaitement maîtrisée mais il apporte aussi et surtout toute cette « contre - culture » donnant un rendu unique à chacune de ses réalisations. Vous l'aurez compris nous n'allons pas forcement parler que de surf aujourd'hui mais de tout et de rien comme si la conversation avec Chacal allait une fois de plus déraper pour se perdre dans d'autres univers...

SRP: Tu ne peux pas déroger à la règle, tu dois te présenter de manière succincte.
Seb, 42 ans à la fin de l’année, voyageur, surfer sur le tard puisque je n’ai commencé la pratique de la discipline qu’à l’âge de 20 ans. Il était beaucoup moins évident que maintenant de se procurer tout le matos, et le surfer de base girondin ressemblait à une caricature zincquée de Patrick Swayze qui se la racontait tous les soirs dans les bars de Lacanau. Ce qui ne nous donnait pas forcément envie de faire partie de la tribu. Bien que tout ce qui nous permettait de glisser dans les vagues était bon à prendre : morrey boggie, planche polystyrène cassée en deux trouvée dans la poubelle à la sortie de la plage ou encore une tongue pour faire du body surf.
Merde ! t’avais dit « succincte » et là je m’égare : coursier à la belle époque des PX 125, pizzaïolo, gardien de zoo, postier, cuistot, et donc glasser depuis plus de 10 ans maintenant.


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SRP: Sur ton blog tu te présentes comme glasseur, réparateur et spécialiste de la stratification. Un peu réducteur quand on connait ton travail. Si je prends « réparateur » par exemple, c'est parfois des véritables bains de jouvence, une seconde vie que tu offres à certaines planches.
Je ne vais pas non plus écrire que je fais des miracles un peu comme Jésus ressuscitant Lazare. J’ai néanmoins eu la chance d’apprendre le métier au milieu d’excellents artisans, travailleurs manuels, et de connaître des techniques de réparation uniques. Ce qui assure un résultat très probant de réparations et restaurations, même quand la planche qui entre dans l’atelier serait plutôt bonne pour la déchetterie qu’autre chose.

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SRP: Quant à « glasseur » tu ne crois pas que tu caches sous ce terme tout le travail de recherche de couleurs et d'esthétique que l'on te connaît...
Je suis un artisan, pas un artiste. Je rejoins d’ailleurs l’opinion de Dave Parmenter sur la notion d’art fonctionnel. Quand je fais une résine teintée, je fais de l’art fonctionnel. Maintenant, chacun a sa propre sensibilité, son propre prisme de couleur. J’aime marier les teintes et faire quelque chose que je considère comme beau et unique. Ça reste une planche de surf mais tu peux aussi l’accrocher au mur. Ça va plaire à certains et déplaire à d’autres. D’où l’importance de la pluralité dans ce métier et non la pensée unique.

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SRP: Lorsque tu parles de ton expérience Californienne tu sembles véritablement nostalgique. A se demander si tu n'as pas laissé une part de toi là-bas. Tu as le champ libre si tu veux commencer une psychothérapie, profites c'est le moment !
Pas nostalgique dans le sens où ma vie ne s’est pas arrêtée en rentrant et dans la mesure où nous avions la possibilité de nous y installer à vie et que nous sommes rentrés néanmoins. Je n’ai rien laissé là-bas si ce n’est ma paire de godasses de glass qui est sur une étagère dans le shop de Joe Roper avec la mention « ci-gît la dernière paire de chaussures du Français ».
En revanche, c’est vrai que j’ai adoré cet endroit qui restera jusqu'à la fin un endroit à part pour moi. Tout est beau, les gens sont cools, la vie est cool, la lumière si particulière à la Californie du sud, les vagues et certaines rencontres qui ont véritablement changé ma vie. Par exemple Ralph, fan de F1 et de Jean Alesi (si si !) rencontré sur le parking de La Jolla Shore qui m’a emmené surfer San Onofre ; ou Mike chef de poste d’Ocean Beach qui m’a emmené à South Garbage (Mon reef préféré) et Newbreak ou Luscomb (ne pas y venir sans invitation). Et puis j’y peux rien, j’ai une âme de groupie, alors voir Skip Frye à North Garbage et ses longs rides et cut back styles, Tudor à Wind and Sea, Machado à Cardiff by the Sea, etc. ainsi que tous les anonymes surfers qui déchirent avec style et aisance qui te poussent à améliorer ton propre surf. Et bien sûr Joe Roper tout particulièrement qui est mon mentor, le Grand Kahuna. Sans lui pas de Shaggyshac
k.

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american made

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north torrey pines


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woody


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Joe roper pipeline


SRP: Est ce là-bas que tu as appris le boulot ?
Oui, j’avais bien assisté Kim Kamikaze dans la construction de mes deux dernières planches à son atelier, mais on peut dire que j’étais bon à rien en matière de glass avant de rentrer chez Joe Roper. J’ai d’ailleurs pas mal insisté avant qu’il ne m’embauche. J’ai dû revenir à la charge 3 fois. Y’avait bien un panneau indiquant «  help wanted », mais curieusement il ne voulait pas du Français. Syndrome post 9-11 ou le refus des Français de participer à la guerre en Irak, j’en savais rien et je m’en foutais, je voulais seulement faire partie du team et ça a fini par payer. J’ai été mis à la section glass. En tant qu’assistant d’un glasser très talentueux et maintenant reconnu Mikael Miller. Très bon professionnel et très patient il m’a tout montré. Au bout de 2 ans, il partait monter son propre atelier et je me suis retrouvé chef d’atelier à mon tour, avec pour mission de former les nouveaux venus dans la section glass et réparations. Nous réparions 20 planches par jour minimum et parfois lors de très grosses journées, on pouvait aller jusqu'à 70. Mais restons sur 20, donc 100 par semaines avec une semaine de vacance par an, ce qui fait environs 5000 planches réparées par année. Nous étions 8 dans cette factory avec chacun un travail spécifique aux différents stades de la réparation d’une planche. J’y suis resté presque 4 ans, j’y ai donc acquis l’expérience que mettra sans doute 10, 20 ans ou plus un réparateur français. L’œil s’est naturellement exercé en même temps que le savoir faire. Je ne suis pas shaper, mais je peux faire la différence entre une bonne courbe et une mauvaise. J’ai vu presque tout ce qui se fait en matière de technique de glass en Californie et Hawaii ainsi que bon nombre de planches australiennes. J’ai travaillé sur des planches de shapers légendaires ; Frye, Hynson, August, Takayama, Rawson, Carper, Arakawa, Parish, Lopez, You name it comme on dit ! Et fait quelques belles restaurations dont certaines sont retournées surfer ou bien sont accrochées au mur du muséum de Oceanside. Des vieux bouzins des années 50 aux beaux singles fins qui ont eu leurs heures de gloire à Sunset ou Pipe dans les années 70. Bref c’était le pied, je travaillais comme un ouf, parce qu’aux USA, ça bosse, y’a pas à chier, ça me changeait de La Poste, mais toujours dans la bonne humeur avec chaque jour à l’esprit que je vivais quelque chose d’unique.

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SRP: Tu m'avais conseillé quelques adresses lors de ma préparation de mon voyage Californien. Si je devais en retenir disons trois qu'elles seraient elles ?
Pour un surfer dont c’est le premier voyage en Californie, j’irais bien entendu à Venice beach pour parfaire la carte postale, avec dans la même journée une ballade le long de la 101, prononcer « ouane O ouane », en passant par Malibu jusqu'à County Line et le bar le Neptune’s net, fameux bar de bikers où le collègue de Keanu Reeves explique sa théorie sur les surfers braqueurs dans le film Point break. C’est un excellent point break d’ailleurs beaucoup moins fréquenté que Malibu ou Léo Carrillo.
D’ailleurs cette 101 remonte jusqu'à San Fransico et offre des panoramas à couper le souffle, à faire sans hésiter.
J’irais également à Encinitas, où se tient le fameux Hansen Surf Shop, un pan de la culture surf californienne, avec son point break surpeuplé Swammis. Une des rares droites de San Diego County qui vaille le détour. À côté à Leucadia, y’avait le Longboard Grotto qui était mon shop favori. On y trouvait de tout, J’y ai acheté deux longboards, mais on y trouvait toujours quelques choses à ramener et ce pour toutes les bourses. Un board short Birdwell made in USA pour 15 dollars par exemple. C’est maintenant le Surfy Surfy surfshop, vitrine de Moonlight glassing.
Et si t’es rock n roll et que l’ambiance gros bicylindre, tatoos 81et muscle cars ne te font pas faire demi-tour, Ocean Beach et le Black shop deviendra vite ta caverne d’Ali baba. Un tour sur le Pier après avoir engouffré pancakes, waffles, fried eggs and bacon plus potatoes te comblera plus que tu imagines.
Pour finir un tour à La Jolla, et le sunset sur le shack de Wind and Sea, exceptionnel !


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SRP: Dans nos discussions tu fais souvent référence à tel ou tel morceau de musique. Penses-tu que cette culture musicale se retrouve dans ton travail ?
Plus que ça papa, ça se retrouve dans ma vie entière, tant la musique est importante pour moi. J’en écoute tout le temps, d’ailleurs en ce moment même j’écoute le dernier des beastie boys qui est un bon album des beastie. Quand je commence une strat, je passe de l’electro ou un Funk 70’s ou bien encore un tribe called quest des familles, et le squeegee glisse tout seul. Au ponçage, faut plus de guitares et de basse, genre ACDC, Infectious Groove, Mad Caddies, the Hives ou les Ramones. En surfant, un morceau qui me vient depuis des années en tête quand je remonte au peak, c’est manic depression d’Hendrix.


SRP: Lors d'un des rares moments où nous avons pu parler de surf quelques minutes d'affilées, tu m'avais expliqué ton point de vue sur l'importance d'une bonne connaissance de la culture surf dans ton travail. Peux-tu développer ?
Notre métier à nous les glassers est extrêmement difficile. Nous travaillons dans un environnement hostile, fait de poussières, de bruits et de vapeurs toxiques. Nous sommes les héritiers de techniques développées par les anciens. Ils nous ont légué un savoir qu’il nous tient de garder, améliorer si ce peut l’être et le transmettre à d’autres passionnés comme nous pour que le métier survive.
Il me faut savoir ce que va surfer cette planche pour que j’adapte le glass à la planche et à l’utilisateur.
Le travail de résine teintée ne s’invente pas. On peut à la rigueur avoir une idée plus ou moins précise de ce qu’il faut faire, mais en connaître toutes les subtilités demande connaissance, travail, rigueur, et dévouement.
Quand au métier de restauration de planches anciennes, je ne veux pas seulement reboucher les trous et faire une peinture pour masquer la médiocrité d’un mauvais travail, je veux rendre la planche aussi belle qu’elle a pu être et surfable si c’est possible.


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bing bonzer shaper : Campbell bros


SRP: Tu travailles depuis un bon moment sur les planches de Toy. Est ce facile de glasser pour ce shaper à la rigueur de travail légendaire.
Oui…et non ! Oui parce que j’ai la chance de glasser d’excellents shapes. Les longboards que je glass en résine teintée vont devenir les collectors de demain. Et non car, et c’est là où tu voulais en venir sûrement, Toy est un shaper extrêmement pointilleux et les critiques ne font pas toujours plaisir à entendre. Il a une idée précise de ce qu’il veut en terme de ponçage et glaçage et il faut continuellement négocier car il est difficile de lui faire entendre mon point de vue. Par contre, il me pousse à m’améliorer. Ses critiques que je ne prends pas forcément bien me motivent à faire mieux à chaque fois.

SRP: Lorsque Toy te demande une déco, as-tu totale carte blanche ?
Non, souvent le client a une idée de déco et je m’efforce d’y répondre. Quand il n’y a pas de cahier des charges, je dois m’adapter aux goûts du shaper. Il y a un certain conformisme dans les demandes parce que c’est difficile de ne pas savoir à quoi va ressembler ta planche et qu’elle dépendra seulement de la vision du glasser. D’autre part, c’est également le manque de culture qui est en cause, les clients pour leur majorité ne connaissent pas les différences entre les techniques de glass, ce qui entraîne sûrement une certaine frilosité.

SRP: Plusieurs fois quand je t'ai entendu parler de futur glass et déco, tu semblais véritablement réfléchir sur les mariages de couleurs, de tons, faisant référence parfois à telle planche ou tel style. T'arrive-t-il pour autant de te lâcher complètement sur une décoration et de tout faire au feeling ?
Bien sûr, mais sur mes planches seulement. Je suis vraiment passionné par ce métier, c’est chouette à écrire, chouette à vivre, mais ça veut dire de vraies prises de tête. Je réfléchis tout le temps à la planche que je suis en train de faire. Ça me vaut quelques belles insomnies d’ailleurs.
Et quand je fais une planche personnelle, là je me lâche vraiment car le résultat ne sera pas rédhibitoire. Y’a eu de belles surprises, souvent, et des moins bonnes parfois. Celles-là me font progresser plus encore qu’un glass réussi car on apprend bien plus de ses erreurs. Il m’est arrivé également de ne pas savoir encore ce que j’allais faire alors que je coupais la fibre de verre.


SRP: Tu nommes souvent le nom de certains glasseurs pour exemple de travail. Est ce important d'avoir en tête ce genre de référence ?
Bien sûr, je puise mon inspiration de ce qui se fait sur la planète surf. Comme je le disais plus haut, je n’ai rien inventé, on m’a transmis un savoir, j’en suis le gardien et je le transmets à d’autres. Les beaux glass me font toujours rêver, d’autant plus que je mesure pleinement la quantité de travail que cela demande. Look the ancient for wisdom isn’t it ? Il y a donc quelques ateliers qui sont la référence pour moi, et je cherche à être à la hauteur.

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SRP: Il existe aussi une véritable histoire d'amitié avec le shaper Kamikaze...
On se connaît depuis plus de 15 ans je crois, avec ma première planche en 96 ou même avant peut être. Il shape bien, et ses shapes m’ont fait progresser. C’était le seul à faire des planches bariolées quand la mode était aux os de seiche. Et puis on rigole bien, son humour parfois limite peut me faire hurler de rire comme me faire sortir de mes gonds. Il est décalé ce qui pour moi est une qualité. Et l’on ne se prend pas au sérieux. C’est un touche-à-tout passionné qui m’a beaucoup apporté en connaissance des composites car il est très fort. Il m’a ouvert les portes de son atelier quand je suis rentré de Californie et que j’avais des progrès à faire, quand d’autres tentaient de protéger je ne sais quoi.
Bref un personnage à part dans le milieu girondin, et ça fait du bien.


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SRP: En tout cas on peut dire que vous partagez tous deux une certaine discrétion professionnelle.
Pour vivre heureux, vivons cachés !

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SRP: Tu viens de finir ton nouvel atelier, simple plaisir personnel ou une réelle nécessité professionnelle ?
Les deux, un 11 pieds ne rentrait pas dans l’ancienne salle de ponçage et puis j’ai déménagé. Enfin on travaille bien mieux quand c’est plus confortable. Mais toujours avec le souci de maîtriser la pollution avec toujours le filtre Bio des vapeurs organiques, c’est une exclusivité du shaggyshack et l’entière captation des poussières de ponçage qui sont ensuite dirigées vers les centres de retraitement.


SRP: La question qui tue: quelle importance le surf tient-il dans ta vie ?
Énorme !!! j’ai essayé de surfer avec des skis, c’est vachement plus dur.
Plus sérieusement, le surf c’est ma vie, tout simplement. C’est un sport, un style de vie, mon métier et une passion. Certains bien-pensants ont bien essayé de me décourager quand je suis arrivé en France parce que c’est comme ça ici, y’en a qui prenne plaisir à mettre les autres dans la merde. Maintenant c’est réglé, j’ai un business honnête que je fais honnêtement.


SRP: Toi qui a une certaine culture surfique, dont le travail et ses qualités sont reconnus, quel regard portes-tu sur les planches de séries ?
Ce sont des planches aux shapes éprouvés dont les clients sont souvent très contents. Maintenant la politique commerciale de ces grosses compagnies n’est pas de faire un objet qui va durer mais d’en vendre beaucoup. C’est très bien pour les ateliers de glass. Tant qu’il y aura des acheteurs, tout le monde sera content alors moi aussi.

SRP: Et d’une manière beaucoup plus générale sur le surf d'aujourd'hui?
Le surf, c’est génial alors c’est normal qu’il y ait de plus en plus de monde. Je ne vais cracher pas dans la soupe, je suis sensé en vivre même si c’est très, très loin d’être le cas.
J’ai commencé le surf trop tard pour être dans une optique de compétition. Je veux juste prendre du plaisir. Je me lève tôt, cherche un coin peinard et surf tranquille en laissant passer les sets quand je ne suis pas tout seul. Y’a le surf mais j’adore aussi les à côté. La traversée de la dune avant le lever du soleil, la petite montée d’adrénaline avant de voir si le line up est conforme aux previz, le vent d’est qui couche les oyats tout ça quoi !
Je vois des mecs se prendre la tête pour une vague et ça me fait toujours un peu marrer. Les mecs finiront toujours par devenir vieux et un plus jeune leur dropera dessus, c’est comme ça. Par contre ce qui est sûr, c’est qu’une autre vague finira toujours par atteindre le rivage.



SRP: En terme de glisse pure tu cites plus facilement d'anciens surfers que la nouvelle génération. Pas fan du style radical et des airs ?
Parce que je suis vieux té ! hey, je connais des jeunes surfers, je suis fan de Rastovitch et Frankenreiter, merde ils sont vieux eux aussi !
Comme les planches de séries, on fabrique des surfers en série, même style, même carves, mêmes attitudes. Ils sont extrêmement spectaculaires et ça en est même de la science-fiction. Je reproche juste l’uniformisation des styles. A part kelly mais lui c’est dieu ! J’ai vu la compet à NY et c’était énorme. Mais j’ai vu aussi nombre de shapes ne tenir la vague que grâce au funambulisme du surfer. Ça part dans tous les sens, ça glisse pas vraiment mais ça fait plein de points car plein de figures. Bon je dois vraiment être trop vieux, mais putain, Curren à Bells dans les années 80 c’était des putains de courbes, ou bien Shane Dorian qui allie style et surf surpuissant. Et sur le tour, y’avait de tout. Barton Lynch surfait complètement différemment d’Elkerton ou de Carrol, mais ils avaient tous leur place en compet. L’idée du surf de compet semble dire aux surfers lambda de déchirer la lèvre, tenter des airs, rollers à midi (qui sont souvent plutôt à 8 heures moins le quart), snap, shred, rad, whatever, en oubliant l’essentiel : la glisse. Un bon bottom turn stylé et bien appuyé qui ne casse pas la courbe est non seulement esthétique mais en plus il est fonctionnel puisqu’il te projette avec plus de vitesse sur le haut de vague. En outre depuis la plage, tu vois un surfer qui fait des tricks mais qui a les bras qui partent dans tous les sens et même si le mec se demmerde bien, au bout d’un moment tu te dis qu’il pue du cul ! et ton œil sera plus naturellement attiré par celui dont les courbes sont plus ourlées, plus souples. Et s’il a une planche avec un beau glass, là c’est la grande classe ! Pensez au style les mecs avant de tenter un 360 pourrave dans la mousse.
Et puis et je vais faire un rapprochement avec la musique, j’aime pas le jazz ! trop maitrisé, trop technique, trop de virtuosité. J’ai toujours préféré le rock et le blues car je m’y reconnais plus en tant que musicien. D’aucun diront de la jalousie de ne pas être à la hauteur. Mais j’aime quand c’est cradingue et que ça colle aux pattes, peut-être pour ça que je suis glasser.



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SRP: Juste avant de finir, ta plus belle session c'était où ?
Sunset Cliff, San diego County, CA. Groundswell hivernal de nord-ouest dans les 2 m avec une période de 17 sec. Air temp 74 degrés farenheit, water temp 54 degrés. Du monde à l’eau, des mecs sympas pas stressés de prendre un max de vagues et surtout des surfers incroyables au style épuré.
Mais le tube le plus profond, c’était à Lacanau à la centrale un matin de septembre tout gris alors que je n’y vais jamais. La lèvre qui pète 2 m devant le nez du 9 pieds, debout, et le kayok en point de mire. Comme quoi, y’a pas besoin d’aller très loin.


SRP: Mince on a failli ne pas parler de ton quiver !
5’10 fish Larry Mabile, 6’6 thruster Mikael Miller, 6’10 egg bonzer Kamikaze, 8’ fish simmons thruster Larry Mabile, 9’0 Dick Brewer longboard gun (celui qui m’a fait devenir pote avec gibus de soultrait, le mec qui te vend de l’Aloha sans un seul échantillon sur lui), 9’1 perf longboard Robert Prodanovitch, 9’6 noserider Iron Cross, et bientôt 10’ cruiser by Toy.
J’en ai d’autres mais je ne les surfe plus, celles-là par contre vont toutes à l’eau aussi souvent que je le peux. C’est bien d’avoir un quiver, ca me permet d’adapter en fonction des previz et de l’humeur.


SRP: Je te remercie du temps que tu as bien voulu me consacrer. Je te laisse finir...
Merci à toi, faites des étirements, respectez les vieux, vous en serez peut-être un un jour, gardez le localisme pour les cons, et surtout keep in mind les mots de Duke Kahanamoku : « There will always be more waves to come ! »

Seb le chacal
http://shaggyshack.blogspot.com/

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[Liste des interviews surfrepotes]

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Mer Sep 21, 2011 07:21
par dahomey
Et une super interview encore Pipeau, merci car n'étant pas du coin depuis fort longtemps je ne connaissais que la réputation un peu ! :yess:
J'aime beaucoup l'indice générationel "caricature zincquée "!!!! :lol: ça doit pas parler à tout le monde ! :wink:

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Mer Sep 21, 2011 08:04
par Bellota
Excellente ... encore une petite perle d'interview ! Merci Pipeau ...

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Mer Sep 21, 2011 08:46
par soroli
pipeau a écrit:SRP: En terme de glisse pure tu cites plus facilement d'anciens surfers que la nouvelle génération. Pas fan du style radical et des airs ?
Chacal :
....Comme les planches de séries, on fabrique des surfers en série, même style, même carves, mêmes attitudes.... Je reproche juste l’uniformisation des styles. A part Kelly mais lui c’est dieu ! ... Ça part dans tous les sens, ça glisse pas vraiment mais ça fait plein de points car plein de figures. Bon je dois vraiment être trop vieux, mais putain, Curren à Bells dans les années 80 c’était des putains de courbes, ou bien Shane Dorian qui allie style et surf surpuissant. Et sur le tour, y’avait de tout. Barton Lynch surfait complètement différemment d’Elkerton ou de Carrol, mais ils avaient tous leur place en compet. L’idée du surf de compet semble dire aux surfers lambda de déchirer la lèvre, tenter des airs, rollers à midi ... en oubliant l’essentiel : la glisse. Un bon bottom turn stylé et bien appuyé qui ne casse pas la courbe est non seulement esthétique mais en plus il est fonctionnel ...

:+1:
Tout est dit ! :yess:
Merci à vous 2 pour cette interview rafraichissante.

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Mer Sep 21, 2011 09:54
par Oxygum
Merci Pipeau ... :yess:
Tout ce que j'aime y est ... les beaux glass ... la glisse old-school ... la musique bien "comme il faut" !
... c'est pas pour rien que je guette son blog régulièrement ...

:amour:

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Mer Sep 21, 2011 10:42
par Lelizay
Sacrée personalité j'ai l'impression ! Sarcastique et relax ! Un mec qui a du vécu.

Super interview. Merci Pipeau. :yess:

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Mer Sep 21, 2011 17:35
par Ney
Merci pour cette interview.
Pour l'avoir croisé et avoir fait appel à ses talents c'est vraiment un mec sympa et à rencontrer.
Au passage c'est lui qui a fait la restauration de ma MR...

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Mer Sep 21, 2011 18:05
par digorgonzola
genial cette interview vraiment bravo pipeau... :yess: :yess: :yess: :yess:

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Mer Sep 21, 2011 19:52
par Prunel
33ney a écrit:Pour l'avoir croisé et avoir fait appel à ses talents c'est vraiment un mec sympa et à rencontrer.

:+1:

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Ven Sep 23, 2011 10:14
par zitoune
Génial :sage:
Le personnage est top, son boulot nickel, et l'interview déchire, merci Chacal, merci pipeau :yess:

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Ven Sep 23, 2011 10:40
par Benouche
Chouette interview d'un mec qui hésite pas dire ce qu'il pense, et qu'hésite pas à penser. Ce qui me semble rare.

Merci pipeau, merci chacal (mais t'auras pu faire le glass de mon fish plus résistant, il va souvent à la répa (juste pour rire hein) :) )

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Ven Sep 23, 2011 16:27
par kami
Super interview, il en manque un, et vous aurez fait le tour des mes 3 zozos préférés dans le shape francais :)

bravo arnaud :)

Re: Chacal, interview: glass, surf et rock n'roll !

MessagePosté: Mar Sep 27, 2011 10:08
par Paul UX
Merci pour cette interview : j'adore :D :D :D

J'aime beaucoup le travail de Mr Chacal et son parcours a de quoi me rendre jaloux :D

Bien que loin physiquement du centre du monde du shape et du glass j'aimerais un jour que mon travail soit soumis à la critique d'un tel personnage...